La voix de l'empathie

L'empathie se définit comme la capacité de se mettre intuitivement à la place d'un autre, de ressentir la même chose que lui. Dans le monde des chevaux, le concept de l'intelligence émotionnelle a été mis de l'avant comme une façon de les ressentir, de les percevoir et de communiquer. Chez les équidés, toutes les décisions se prennent en fonction de l'amygdale et de l'émotion. Tous les mécanismes d'adaptation en dépendent. Ce processus limbique dépasse de loin l'évaluation rationnelle en rapidité, en économie d'énergie et en efficacité. Cela leur permet de décoder les états d'alerte en lien avec ce que nous éprouvons au moment même du contact, ce qui a pour effet de faire ressortir notre propre vécu émotionnel. L'expérience équine nous permet de réaliser que l'émotion est le socle de la communication et de l'organisation des rapports sociaux. Tous les affects servent de régulation des relation et notre incapacité à les vivre montre bien à quel point le manque de communication sur ce plan nuit à l'adaptation de notre comportement.

Dans la nature, cette notion de bon comportement donne priorité à l'harmonisation des rapports et non à une condition prédéterminée. Un meneur et son cheval perdront leur flexibilité cognitive chaque fois qu'il y aura un manque d'intelligence émotionnelle. Il ne s'agit pas ici de gestion de l'émotion, mais d'une tendance naturelle qui s'épanouit avec ses forces et ses faiblesses. Concrétiser la base de toute relation demande avant tout de simplifier sa forme afin que les dispositions du cœur puissent être ressenties. Sans cela, aucune communication ni aucun partenariat ne pourront s'établir. L'empathie peut être vue comme une qualité de la relation d'aide et une capacité d'intérioriser les réactions de l'autre, en l'occurrence celles du cheval. Se mettre à sa place, c'est vivre son intériorité. Les plus doués possèdent une disposition innée et non consciente à ressentir des similitudes et à partager des maux. Pour les autres, cela devient une question de maturation. Dans tous les cas, le processus demande un effort conscient, celui de ne pas se faire emporter par ses propres émotions lorsque nous entrons dans l'univers émotif d'un animal. 

Sur le plan de la communication intuitive, cela a ouvert la voie à l'approche miroir, soit à l'influence des comportements humains sur ceux du cheval. Chaque expérience émotionnelle amène sa tendance comportementale. Je ne parle pas seulement d'une observation éthologique, mais d'une activité de l'âme en tant qu'émanation de la nature, reflet des essences élémentaires de tous les êtres vivants. L'empathe est en position de détecter ces interconnexions et d'en décoder les messages. Ce potentiel va au-delà des sens. Cependant dans le monde équestre, même les plus doués auront avantage à développer une solide expérience des chevaux et une stabilité intérieur à toute épreuve. Le cheval le ressentira. Les autres risquent gros à absorber malgré eux tous les maux de la terre en compagnie d'un animal qu a peur de celui qui a peur de ses propres faiblesses à son contact. Par contre il faut bien le dire, le manque d'empathie est encore plus grave. Tôt ou tard cette approche devra être soutenue et reconnue dans le monde des chevaux...