L'intuition du silence

Commençons par le silence, celui qui nous indique que la présence suffit à elle-même. Le cheval s’inquiète de celui qui ne l’entend pas, de celui qui ne s’entend pas respirer, de celui qui ne se ressource pas dans le déploiement de la vie intérieure. La communication intuitive repose sur elle. Elle débrouille notre intériorité et ne laisse que des messages de paix. Le cheval sent l’odeur du silence. Par lui, il se souvient de nous comme un être en accord avec sa nature. Il se rapproche et s’immobilise l’espace d’un soupir. Un discours sans paroles pour une relation en train de naître dans l’émotion du silence. Dans ces moments, on pourrait croire qu’il existe un instinct spirituel, une réponse automatique capable de créer une attirance entre des corps assez sensibles pour y répondre. La loi d’attraction reste bien étrange. Même dans les relations inter espèces, s’entremêlent les mémoires corporelles de l’un et de l’autre. Des images apparaissent : celles des ressentis. Prenez-en note. Apprenez à les nuancer en enrichissant votre vocabulaire. Le message se perd dans chaque mot que l’on ignore, dans chaque émotion que l’on ne peut décrire.


Répétez l’expérience. Rien de plus difficile que de retrouver ce chemin dont nous nous sommes éloignés, parce qu’il ne voulait plus rien dire, parce que le mutisme reflète notre impuissance et notre culpabilité constamment accablées par le vide du moment présent. Un silence bruyant qui s’étouffe, incapable de respirer par le nez comme des chevaux qui paniquent, la tête dans les nuages, ailleurs, essayant de fuir, sans toutefois y arriver, le tintamarre de nos comportements. Comment communiquer avec un esprit absent, qui résiste à l’ère du temps accéléré, caché sous les bruits artificiels et les cassettes mentales qui se répondent les unes les autres, exacerbant nos ressentis au point de se mettre aux aguets? Que peut-on attendre comme signal d’un corps en position toute croche, de l’impatience des jambes, de la rigidité dorsale, des raidissements et des battements cardiaques qui s’accélèrent au moindre contact et surtout des problèmes qui nous trottent dans la tête même si l’on tente de les refouler?


Paradoxalement, aucune communication intuitive ne s’établira sans que l’instinct n’y participe, sans que l’énergie naturelle ne puisse s’épanouir. L’instinct se trouve aussi quelque part en soi, mais vous ne le canaliserez pas correctement, vous ne syntoniserez pas à la relation à moins de faire silence au moment de la rencontre. Les mots doivent mourir, l'un après l’autre, en les laissant aller sans jamais les retenir, ne focalisant que sur ce qui va se créer et se recréer par la suite dans l’accalmie des comportements. Obtenez ce silence partagé à chaque rencontre, à chaque avancée du partenariat, dans ses moindres petits pas comme dans les plus grandes expériences. La peur du cheval disparaîtra, celle qui l’anime et celle qu’il nous renvoie, du moins le temps d’un message, d’une révélation qui nous donnera l’ultime sensation de ne plus être que des entités biochimiques. Rien de mystérieux comme expérience, bien que l’écoute du silence soit relative, pour nous êtres humains, à la culture de l’oreille. En voici l’occasion. Il ne s’agit pas de réfléchir sur la situation, d’entrer en introspection ou d’analyser la situation. Et pas besoin d’aller jusqu’au nirvana pour en capter le message. Aucun besoin de méditer ou d’analyser. Juste la synergie des corps cheminant dans l’espace, la terre servant d’ancrage. Respirez lentement et consciemment jusqu’à ce que le temps se volatilise. Seules la présence d’esprit et la sensibilité intuitive comptent. Pour le reste, nul ne sait avant que ça arrive...

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